Le Papillomavirus

Ecrit par Alicia Dadoun

Cet article ne va pas être le plus simple à écrire. C’est un sujet qui, malgré tout, reste toujours tabou car il relève de l’intime. 
Je me rends compte que peu de personnes, notamment les femmes, savent ce que sont vraiment les infections aux papillomavirus qui peuvent entrainer plusieurs types de cancers, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, notamment le cancer du col de l’utérus pour être précise. 

Après mon post instagram en septembre dernier, j’ai ressenti le besoin d’en parler de manière plus profonde, ici me semblait le l’endroit adéquat. Tout d’abord merci infiniment pour tous vos messages, vos mots. Je n’étais pas à l’aise à l’idée de partager mon intimité sur les réseaux mais suite à tous vos retours je me rends compte que c’était nécessaire. Plein de questions, de doutes, de témoignages …  tous différents les uns des autres.
Une partie de moi a posté ce message sur Instagram car j’avais besoin de réaliser ce qui m’était arrivé, pour rendre concrète cette intervention chirurgicale assez complexe destinée à retirer cette cellule cancéreuse de mon col de l’utérus.

C’est idiot comme ça me touche et me rend febrile d’écrire ce mot. Et pourtant je dois continuer à l’écrire ou le dire car ce mot fait parti de moi à présent. Donc oui, j’ai eu un cancer.
Je vous raconte.

Depuis deux ans, je suis surveillée par de super gynécologues à Nice, car mes résultats de frottis n’étaient jamais bons.
Comme le processus le veut, si un résultat de frottis n’est pas bon nous devons faire une « colposcopie », un examen des tissus du col de l’utérus au microscope qui permet de voir si les cellules présentent des anomalies comme d’éventuelles lésions précancéreuses. 

La première année cette colposcopie ne montre rien de perturbant. Mais, 6 mois plus tard, mauvais résultats encore et mon gynécologue m’adresse à une confrère « plus spécialisée ». 
Encore une fois, j’ai été merveilleusement bien suivie par une gynécologue qui prend le temps de tout expliquer dans les moindre détails, me rassure en répondant à mes questions.
Cette fois ci ma colposcopie détecte une « anomalie » et il va falloir opérer.
Je l’apprends le jour de l’anniversaire de mon copain, chouette distraction pour éviter de stresser. Je décide donc de tout mettre dans un coin de ma tête et de ne pas y penser. J’ai tendance à positiver et à me rassurer quand il est question de santé.  » Tout va bien Alicia, tout va bien. »
La preuve, j’arrive au rendez-vous avec l’anesthésiste en ayant aucun papier. Tous les documents obligatoires avaient été oubliés chez moi. Je suis littéralement arrivée les mains dans les poches. Ce qui ne m’arrive jamais, je suis méga organisée!

Le jour de mon opération arrive. Je me sens particulièrement stressée car je ne veux pas qu’on « touche à mon intérieur ». Pour une femme l’uterus est un endroit sacré, où un jour j’espère avoir la chance de porter la vie. Donc de savoir que cet endroit sacré va être opéré, observé, me panique.
Encore une fois, j’ai eu énormément de chance d’avoir mes médecins et l’anesthésiste qui ont su me rassurer.
Je revois la gynécologue 3 semaines post opératoires. Elle m’annonce qu’effectivement ils ont trouvé une cellule cancéreuse. Donc un cancer.
Ce mot qui fait peur. Mon cerveau fait un total déni. J’ai cru entendre  » vous risqueriez d’avoir un cancer ». J’ai occulté, zappé le mot cancer. Le corps humain est quand même fabuleux car ils vous protègent. Mon médecin m’a expliqué après coup que beaucoup de personnes font des dénis, c’est un mot qui peut effrayer donc le cerveau se met en mode survie.
Je réalise même que dans mon post instagram j’avais écris  » J’aurai pu avoir un cancer ». Alors que le vérité était que si je n’avais pas été prise à temps, ce cancer se serait développé dans mes muqueuses et auraient envahis mon col de l’uterus. S’enchainerait donc traitements, chimiothérapie etc…

Je commence à appréhender le rendez-vous de contrôle 6 mois après, qui me fait prendre inconsciemment conscience de la gravité de ce qu’il m’est arrivé. Le déni commence à s’effacer petit à petit.

A ce moment-là je décide de demander à mon gynécologue de me réexpliquer ce qu’il m’est arrivé. Il m’annonce effectivement que j’ai eu un cancer, que j’ai vécu avec un cancer et que si le médecin qui a pratiqué l’opération n’avait pas décidé d’explorer toutes les pistes, de faire tous les examens et prélèvements lors de l’opération, mon cancer se serait répandu. Mon cancer a donc été pris à temps.
Nouvelle étape de stress, car ce dernier frottis, plus poussé que d’habitude, doit indiquer si le cancer est totalement parti, et/ou si le papillomavirus est toujours là.
Je prends donc conscience de ce qu’il m’arrive et decide de passer ce mois à attendre les résultats, en famille. Je médite et me bourre le crane de phrases positives pour espérer apaiser mon stress.
Nous voici donc mercredi 24 avril 2024, je reçois mes résultats, discute avec la gynécologue qui m’a opérée et elle m’annonce officiellement que le cancer a été enlevé et qu’à ce jour je suis guérie.  Je dois néanmoins faire de nouveaux frottis tous les 6 mois pour s’assurer que rien est revenu. 
Aujourd’hui je me sens extrêmement chanceuse. Chanceuse d’avoir été diagnostiquée à temps, d’avoir eu de bons gynécologues, d’avoir une famille mega positive et d’avoir été bien entourée.

J’ai conscience que beaucoup de femmes n’ont pas eu ma chance et que d’autres se battent encore chaque jour contre ce virus. J’ai aussi appris que beaucoup d’entre nous ne prennent pas de rendez-vous gynécologiques pourtant essentiels. Que beaucoup ne font pas de frottis. Que beaucoup sont dans le déni.
Malheureusement, si vous ne vous faites pas suivre cela peut avoir des conséquences bien plus graves.
Si vous voulez, ce site est très bien fait et très clair. https://papillomavirus.fr

En France nous avons la chance d’avoir plusieurs options pour nous faire dépister. Vous pouvez faire un frottis chez votre gynécologue, votre médecin généraliste, une sage-femme ou même dans un laboratoire d’analyses médicales . Entièrement pris en charge par l’Assurance Maladie. En 2023, seules 60 % des femmes participent au dépistage organisé du cancer du col de l’uterus fondé sur le frottis. ( Cf article femmesactuelles.fr ) Ces frottis sont réalisables au minimum une fois par an. 

Je poste ce message pour vous rappeler qu’il est primordial de prendre soin de soi et de sa santé.
S’il vous plaît, faites vous tester, surveiller et prenez soin de vous.
Je vous souhaite de tout coeur le meilleur. 🤍

Alicia xx

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Cet article a 7 commentaires

  1. Lola

    🤍🤍🤍🤍

  2. DAD

    Je suis très fier de toi ma Fille que j’Aime.

  3. Anna

    Un bel exemple, qui peut aider d’autres personnes. Merci pour nous toutes. Merci pour ce partage, un sujet pas facile. C’est bien 🤍

  4. Tania

    Merci pour ce témoignage ! 🙏
    Très bel exemple !